PERIOTEAM
ORLEANS
FRANCE
Une bouche humaine normale contient quelques milliards de bactéries.
Environ 5000 espèces bactériennes peuvent vivre dans une même bouche. Ces bactéries y trouvent un milieu favorable pour proliférer et se déposent de façon continue à la surface des dents et des muqueuses.
Le brossage des dents en élimine à chaque fois une bonne partie, mais elles se renouvellent progressivement. Certaines zones difficiles, rarement, voire jamais, brossées - par exemple entre les dents, les faces internes des dents, l'arrière des dernières dents - voient le dépot bactérien, ou "plaque dentaire" s'épaissir jour après jour.
La base des dents est le seul endroit du corps où des bactéries peuvent rester à long terme à l'abri des défenses immunitaires. Le reste de la "surface" du corps, peau et muqueuse, se renouvellent sans cesse, les couches extérieures s'exfolient , donc s'éliminent en même temps que les bactéries qui les colonisent.
Parmi les 5000 espèces bactériennes buccales, la plupart sont inoffensives. Cependant, certaines sont virulentes et produisent des substances chimiques agressives. Par exemple, les lactobacilles et les streptocoques mutans fabriquent à partir des sucres de l'alimentation de l'acide responsable de la déminéralisation de l'émail et de la formation des caries. D'autres bactéries produisent des enzymes et des toxines extrêmement irritantes, qui provoquent l'inflammation puis l'atteinte et le décollement de la gencive voisine.
La liste des bactéries capables de "blesser" et décoller la gencive, et de provoquer une parodontite (déchaussement des dents), se monte environ à 70 espèces actuellement de par le monde. Deux espèces néanmoins dominent en fréquence, l'Aggregatibacter actinomycetemcomitans et le Porphyromonas gingivalis. Le premier est plus spécifique des parodontites survenant à l'adolescence, l'autre chez l'adulte. Il y a énormément de sous-espèces, certaines inoffensives, d'autres très aggressives, et les analyses bactériologiques habituelles en clinique sont incapables de les différencier, ni même d'atteindre un niveau de fiabilité acceptable.
Depuis plusieurs années, sous l'influence d'un chef de file de la recherche en bactériologie buccale, le Pr Jorgen Slots, le rôle des virus de la famille de l'herpes est considéré important et pourrait expliquer le passage entre une lésion parodontale présentant des bactéries pathogènes mais sans signes d'activité évolutive à une lésion devenant active avec des signes de destruction tissulaire et de progression de la maladie. La recherche est en cours et l'usage d'antiviraux lors des phases actives de la maladie semblent donner des résultats positifs. La primo-infection herpétique est d'ailleurs souvent associée à une gingivite aigüe dite ulcéro-nécrotique qui en quelques jours peut détruire les papilles gingivales inter-dentaires.
Le tartre salivaire résulte de la calcification de la plaque bactérienne par les sels minéraux de la salive. Ces derniers sont utiles pour maintenir les dents dans un milieu saturé "reminéralisant" qui les protège contre les agressions chimiques. Seulement l'excés de dépot crée le tartre qui fait obstacle à l'élimination des bactéries par le brossage.
Lorsque les gencives enflammées par la plaque dentaire saignent, les sels minéraux du sang contribuent à la formation du tartre sous-gingival qui est dit alors "sérique" et apparait foncé.
Les traitements visant à éliminer au maximum les dépôts bactériens des surfaces dentaires par assainissements professionnels, hygiène personnelle optimisée et séance de maintenance professionnelle ont fait leur preuve d'efficacité depuis des dizaines d'années.
Les bactéries enfouies sous la gencive, autour et entre les racines sont propulsées lors de la mastication dans les tissus, peuvent rejoindre les vaisseaux sanguins et se diffuser dans le corps entier. Les germes pathogènes parodontaux sont retrouvés en particulier dans les plaques d'athérome qu'ils aggravent et peuvent ainsi augmenter un risque d'infarctus. On peut également les retrouver sur les valvules cardiaques, dans les reins ou le cerveau. Le nombre d'infections à distance liées à des bactéries venant de la gencive n'a rien d'anodin.
La flore bactérienne buccale
La flore buccale